Commerce Équitable : Un revenu décent pour les producteurs

publié le 16-09-2020

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Il y a quelques mois, nous prenions conscience de notre interdépendance. La tête dans le guidon, les bonnes résolutions du confinement ressemblent à celles du nouvel an. Difficile de tenir bon et de faire vivre ses idéaux à l’heure de la sur-sollicitation. Et pourtant… si c’est un détail pour certains, pour les producteurs, ça veut dire quoi ?

 Le café : deuxième boisson la plus consommée au monde, après l’eau

25 millions de familles d’agriculteurs[1] vivent de la filière du café. Cette boisson rythme notre quotidien, et pourtant elle est déconnectée de notre réalité. Le nouvel or noir ne permet même pas aux producteurs de disposer d’un salaire décent. Ils vivent souvent dans des conditions de travail précaires et sous le seuil de pauvreté.

 Ça se passe en France

En France les producteurs et les saisonniers font face à une grande précarité. La filière du café n’est pas la seule soumise aux aléas économiques, climatiques et sociaux. Cette mise sous tension a donné naissance à un mouvement équitable au sein des pays dits du Nord. Dans l’hexagone, 10 000 producteurs se sont engagés depuis fin 2019 dans les filières fruits et légumes, céréales, viande, œufs, produits laitiers et plantes aromatiques. S’engager dans une démarche équitable permet de répondre à un double enjeu. Dans un premier temps, cela permet de garantir des prix justes, stables et rémunérateurs pour les producteurs. Dans un second temps, c’est l’opportunité d’investir dans des modes de productions adaptés à la transition écologique. Face à la nécessité de s’adapter, les consommateurs accompagnent même les producteurs (ex : crowdfunding). Grâce à la modification de leur consommation, le secteur a connu une augmentation de 34 % des ventes en 2018 par rapport à 2017[2].

 Et dans notre région ?

A l’heure actuelle, les producteurs engagés dans le commerce équitable sont majoritairement issus du sud-ouest de la France. En Alsace les agriculteurs vivent pourtant les mêmes difficultés. Les éleveurs laitiers perçoivent 315 euros la tonne de lait[3], alors qu’il en faut 450€ la tonne[4], en moyenne (car les coûts de production varient selon l’exploitation), pour s’en sortir. A 10km de notre région, FaireFrance est une coopérative qui regroupe plusieurs éleveurs laitiers. Sur chaque brique vendue, les 45% du prix sont reversés aux producteurs. Il est donc possible de rémunérer les producteurs en fonction du coût de production et du travail réalisé, et pas du cours de la bourse, même si cela se complique lorsque les volumes et le marché visé deviennent gigantesquesPour cela, il faut réinventer les échanges commerciaux, informer le consommateur sur le produit proposé, etc.

 Équitable, ça veut dire quoi ?

Le commerce équitable permet aux producteurs de faire face aux aléas économiques, sociaux et environnementaux. Un produit issu du commerce équitable répond à des engagements pris par les producteurs ainsi que par les acteurs économiques. Depuis 2014 la loi sur l'Économie Sociale et Solidaire reconnaît ce système économique comme garantie d’un revenu décent, la valorisation du travail humain et le respect de l’environnement. Concrètement cela signifie un travail rémunérateur, des conditions de vie décentes, s’adapter face aux changements climatiques. On parle désormais de commerce équitable entre pays dits du Sud et du Nord, mais aussi entre pays dits Nord/Nord. La labellisation et l’emploi du terme équitable répond à des normes exigeantes qui permettent au consommateur d’identifier le produit.

 Agir à l’échelle individuelle et collective

Chacun à l’échelle individuelle ou collective a un pouvoir d’agir. L’agriculture d’aujourd’hui est notre alimentation de demain. Aussi chaque citoyen est invité à aller vers une consommation plus éthique, responsable et locale. Par ailleurs la finance permet d’investir dans le développement économique. L’association Oikocredit France Est milite pour accorder des formations et des prêts aux jeunes coopératives et micro-entrepreneur-se-s du Sud. Les professionnels sont appelés à la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et à mettre en œuvre des critères éthiques. Les collectivités territoriales sont également appelées à s’engager dans la démarche Territoires de Commerce Équitable pour que les dépenses publiques (56,4% du PIB en 2019 d’après les chiffres de l’INSEE)[5] soient en accord avec les valeurs humaines et sociales.

 

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