En tournée dans le Grand Est avec la Fédération Artisans du Monde, Michael Marmon-Halm, Directeur Général de la marque Fair-Afric, était présent dans plusieurs communes d'Alsace et Lorraine : Saverne, Gerardmer, Dieuze, Metz et Strasbourg !
Ecoles, boutiques, collectivités... Michael a rencontré de nombreux acteurs faisant la promotion du Commerce Equitable dans la région !
Nous lui avons aussi posé quelques questions, retranscrites ici : Interview de Michael Ohene : Artisan du Monde et les impacts du commerce équitable au GhanaDans le cadre de la Quinzaine du Commerce Équitable, nous avons eu le plaisir d’accueillir Michael Marmon-Halm, directeur général de Fairafric Ghana Ltd., qui a participé à la tournée organisée par Artisan du Monde. Nous lui avons posé quelques questions sur son parcours, son entreprise, et les impacts concrets du commerce équitable dans sa communauté.Bonjour Michael, pouvez-vous commencer par vous présenter et nous dire pour qui vous travaillez ?Bonjour ! Je m'appelle Michael, j'ai à peine 39 ans ! Je suis directeur général de Fairafric Ghana Limited. Mon travail au quotidien est de m’assurer que notre entreprise fonctionne bien. Nous produisons du chocolat bio et équitable dans une zone rurale du Ghana, appelée Suhum Amanase, où pousse les cacaoyers. Cela fait maintenant cinq ans que nous développons cette activité.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les piliers qui soutiennent le développement de votre entreprise autour de la production et de la vente d’un cacao bio et équitable ?Bien sûr. Nous concentrons nos efforts sur 3 impacts majeurs :
- L’impact social
- L’impact économique
- L’impact écologique
Nous pensons que des labels du commerce équitable permettent une répartition plus juste des ressources, notamment dans le cas du cacao. En effet, il est évident que les producteurs de cacao au Ghana, lorsqu’ils travaillent de manière conventionnelle, gagnent beaucoup moins que ceux engagés dans une démarche équitable.
En tant que transformateurs, nos chocolats sont issus d’une démarche plus éthiques que les marques classiques, car tous nos ingrédients sont certifiés équitables et bio et nous versons des primes tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Ce modèle permet de mieux rémunérer les producteurs et de contribuer à corriger les injustices structurelles de la filière cacao.
Auriez-vous un exemple concret d’impact social ? Vous avez mentionné lors d’une rencontre avec les élus de Strasbourg, un projet autour de l’hôpital local. Pouvez-vous nous en parler ?Oui, en effet. Lorsque nous sommes arrivés dans la communauté où nous sommes installés, il n’y avait ni électricité, ni eau courante, ni internet. Aujourd’hui, ces services sont disponibles – ce qui n’aurait probablement pas été possible sans les bénéfices générés grâce au commerce équitable.
Autre exemple : dans notre district, l’hôpital local ne disposait que d’une seule couveuse pour tous les bébés nés prématurés, qui devaient aussi partager l’oxygène disponible – facturé 20 cedis ghanéens par heure (presque 2 euros). Les taux de mortalité en étaient gravement affectés. Pour notre cinquième anniversaire, nous avons décidé de financer l’achat de 25 couveuses supplémentaires pour améliorer la situation.
Nous soutenons aussi l’éducation : dans 20 écoles de la région, nous distribuons des manuels, des fournitures et des outils pédagogiques. Le gouvernement ne fournit pas ces ressources, et les familles ne peuvent pas les financer non plus. L’an dernier, nous avons aidé des élèves à bien se préparer à leurs examens. L’un d’eux a même obtenu l’une des meilleures notes du pays, et a été récompensé lors d’une cérémonie présidentielle.
Félicitations à lui !Merci beaucoup !
Passons maintenant à votre ressenti après cette tournée avec Artisan du Monde. Que retirez-vous de cette expérience ? Quel message aimeriez-vous transmettre aux bénévoles ?Ces deux semaines ont été une véritable aventure. Ce qui me touche le plus, c’est de voir nos produits en rayon dans les boutiques. Car dans l’usine, en zone rurale, on peut se sentir isolé, se demander si ce que l’on fait est vraiment perçu ou apprécié ailleurs. Voir nos produits en France, c’est une belle récompense et la preuve que nous ne sommes pas seuls dans cette volonté de changement.
Je veux aussi saluer l’engagement des bénévoles. Ils donnent de leur temps, de leur énergie. Ils pourraient faire mille autres choses, mais choisissent de soutenir ce projet. Il faut les encourager et les soutenir davantage. J’ai vu des magasins de tailles diverses, certains peinent à réunir les fonds pour fonctionner. Si l’on veut que cette initiative perdure, il faudra investir dans des ressources. Car si le bénévolat devient trop contraignant ou frustrant, cela peut tout faire échouer.
Dans certains magasins, les bénévoles sont très âgés – parfois plus de 70 ans – et il n’y a plus de relève. Si une personne de cet âge choisit de consacrer ses forces à ce combat, c’est qu’elle veut avoir un impact. Cela mérite tout notre respect, et notre soutien.
Un dernier mot ? Quelque chose que vous aimeriez ajouter ?Oui, je dirais qu’il y a un vrai potentiel autour de notre marque. Malheureusement, en France, il n’y a qu’un nombre limité de références de nos produits. Nous espérons encourager Solidar'Monde – la centrale d’achat de nos produits - à élargir la gamme si cela est possible, car les consommateurs veulent découvrir tous nos parfums.
Et enfin, je ne tiens pas pour acquis l’accueil que j’ai reçu. Ouvrir sa maison à un inconnu, c’est une marque de confiance, pas simplement quelque chose de pratique. Et cela me touche profondément d’avoir été accueilli de la sorte.
Merci beaucoup Michael. À très bientôt pour une prochaine aventure !Merci à vous.